France, fille aînée de la Révolution et de l’Eglise

Il est clair que nos « Lumières », au XVIIIè siècle, ont été vécues comme un mouvement d’émancipation et de liberté qui s’est développé en résistance, voire en révolte contre l’Église catholique.

Il est clair que nos Lumières, au XVIIIè siècle, ont été vécues comme un mouvement d’émancipation et de liberté qui s’est développé en résistance, voire en révolte contre l’Église catholique et même contre le christianisme.

Dans notre mémoire collective gît la conviction que la liberté de penser, l’autonomie de la personne, la laïcité, la démocratie elle-même ont été conquises en combattant l’emprise cléricale associée à l’Ancien Régime.

Au XIXe siècle, après la Restauration et le Second Empire, la naissance de la République est passée non seulement par un anticléricalisme de principe, mais par un rejet affirmé de l’héritage évangélique lui-même. C’est de cette façon que nous, Français, avons vécu et écrit l’histoire moderne.

L’attachement de la gauche aux antichrétiens historiques (Voltaire, Condorcet, Holbach, Schopenhauer, Nietzsche, etc.) est plus affirmé chez nous, plus radical, plus vétilleux que dans n’importe quel autre pays.

Derrière notre attachement, très légitime, à la laïcité française, on trouve trace de ces combats originels contre « l’infâme », c’est-à-dire le catholicisme désigné par Voltaire. Nous avons du mal à admettre cette double filiation historique que rappelait Marc Bloch et qui fait en réalité de la France aussi bien la fille aînée de l’Église que l’héritière de la Révolution. Nous devrions être à la fois sensibles, ajoutait Bloch, au souvenir du sacre de Reims et à celui de la fête de la Fédération. Or, nous ne retenons que le second héritage.

J.C. Guillebaud, « comment je suis redevenu chrétien » p. 59

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