La merveilleuse histoire d’Anne-Marie JAVOUHEY (2)

En Guyane : « Faire tomber les chaînes injustes, rendre la liberté aux opprimés. » (Is. 58)

En Guyane :

Une proposition insolite arrive alors à Mère Javouhey : le ministre de la Marine l’invite à reprendre l’essai malheureux d’exploitation de la Guyane, le long de la rivière Mana. Elle s’interroge : ce pays pourrait-il donner un avenir aux orphelins qu’elle rencontre en France, aux esclaves africains jetés sur les rivages américains ?

« Je vais me livrer entièrement entre les bras de cette divine Providence qui semble me conduire par la main »,
écrit-elle à une de ses sœurs. En juin 1828 elle s’embarque avec 40 religieuses, 12 ouvriers qualifiés et 30 jeunes gens choisis et préparés pour cette tâche. Sur place, les difficultés ne manquent pas mais grâce au courage et à l’esprit d’organisation de Mère Javouhey,
« tout marche d’un pas ferme vers le bon ordre. »

Lorsque, 5 ans plus tard, elle doit repartir pour un Chapitre général en France, elle laisse Mana « dans un état très satisfaisant » Elle a réussi à obtenir que les lépreux, relégués aux îles du Salut, soient installés à l’Acarouany, dans un lieu ombragé et verdoyant, et soignés par ses Sœurs. Elle a accueilli à Mana des esclaves "marrons" (fugitifs) dont les souffrances l’ont bouleversée.

A Mana

A Mana elle prépare des centaines d’esclaves à leur
libération qui commencera en 1838

Le 18 septembre 1835, à la suite d’une intervention de Lamartine à l’Assemblée, un arrêté de l’Amiral Duperré, ministre de la Marine et des Colonies, confie à Mme Javouhey la mission de préparer à la liberté et à la citoyenneté les esclaves de saisie déposés à Cayenne. Elle y voit un nouvel appel de Dieu et s’embarque de nouveau, malgré l’opposition de l’évêque d’Autun. Son œuvre de libération va être contrecarrée de tous côtés : hostilité farouche des colons de Cayenne, opposition tenace de certains hommes d’Eglise … Critiques, tracasseries, accusations mensongères ne lui sont pas épargnées.

A cela il faut ajouter les difficultés inhérentes à la mission qui lui est confiée : en effet elle doit se faire l’éducatrice d’hommes et de femmes « provenant de nations inconnues les unes des autres ». de langues et de coutumes totalement différentes, « n’ayant entre eux d’autres liens que ceux de l’esclavage ». Comment leur faire découvrir les grandeurs et les limites de la liberté, éveiller en eux le sens moral leur révéler qu’ils sont aimés de Dieu ? Sa première attitude sera « la douceur alliée à une sage fermeté et à la plus stricte justice ». Les gestes maternels, les regards bienveillants, voilà un langage que tous comprendront. Valeur du travail, de l’argent, du temps, sens de la familles de la propriété, de la justice, place des loisirs, tout cela s’enracine peu à peu en eux et les amène à devenir des citoyens libres et responsables, qui ont conscience de leurs droits et de leurs devoirs.

"Je suis heureuse au milieu d’eux, écrit Mère Javouhey. J’aime à les faire causer, à leur faire raconter des histoires de leur pays. " Soutenue par la certitude de faire "l’œuvre de Dieu", durant ce second séjour de huit ans en Guyane elle mène des centaines d’esclaves à leur libération.

Biographie d’Anne-Marie Javouhey par Daniel Rops
(Dans « L’Eglise des Révolutions » Histoire de l’Eglise tome X, pages 261 et sq)

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