L’Eglise de Corée

La naissance de l’Eglise à la fin du XVIIIe siècle. Léon XII confia le « pays du matin calme » aux Missions étrangères de Paris, en y constituant (1832) un Vicariat apostolique. (Daniel ROPS : L’Eglise des Révolutions)

Il paraissait plus noir, cet avenir dans un autre empire, voisin de la Chine et son vassal , cette longue presqu’île isolée, difficile d’accès, hérissée de montagnes innombrables, que la géographie occidentale connaît sous le nom de Corée. Il avait pourtant, ce pays farouche, où le bouddhisme régnait en maître, une histoire chrétienne extraordinaire, unique dans l’apostolat catholique.

Une Eglise était née, en effet, à la fin du xviiie siècle, sans l’intervention de missionnaires, une église étonnamment vivante, et qui avait eu ses martyrs. Un jeune diplomate coréen, Seng-houn-i, en poste à Pékin, y avait rencontré les prêtres catholiques, avait lu quelques-uns des livres théologiques que les Jésuites avaient publiés et, gagné par la grâce, s’était fait baptiser. Rentré dans son pays en 1784, il avait fait, surtout dans la classe des Iettrés, une propagande si enthousiaste qu’il avait obtenu des conversions nombreuses.

Une Église purement laïque était donc née, dont les fidèles, ayant lu dans les livres, que les premiers chrétiens élisaient leur clergé, s’étaient eux-mêmes choisi dans leurs rangs un évêque et quatre prêtres, qui célébraient la messe, - une messe, à vrai dire un peu approximative, - en beaux habits liturgiques de soie. Se rendant compte qu’ils se fourvoyaient, ils avaient réussi à faire venir un prêtre chinois authentique, Jacques Tsiu, qui avait donné à cette jeune Eglise une vitalité telle qu’elle comptait près de 16 000 membres lorsque Tsiu et une dizaine de hautes personnalités catholiques avaient été décapités (1801).

Les MEP en Corée

Sans se décourager, les chrétiens de Corée avaient alors réussi à envoyer en Europe une délégation pour demander au Pape de leur donner des missionnaires. On était en 1812 : Pie VII était prisonnier à Fontainebleau ; il avait dû, en pleurant, avouer qu’il n’avait pas un prêtre à envoyer. Treize ans plus tard, saisi de la même supplique, Léon XII, lui, put y répondre favorablement. Il confia le « pays du matin calme » aux Missions étrangères de Paris, en y constituant (1832) un Vicariat apostolique. Pour les missionnaires de la rue du Bac commença alors une suite d’aventures terriblement marquées de sang, parmi les plus extraordinaires d’un mémorial qui en compte beaucoup. Il fallait traverser la Chine interdite, franchir une frontière strictement gardée, - certains la passèrent en empruntant des aqueducs ! - s’installer clandestinement dans un pays qui, tout de suite, se montra hostile ; et pour beaucoup d’entre eux, le martyre était au bout du chemin.

Danierl Rops, L’Eglise des Révolutions, p. 797

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