Le catholicisme français a gagné des libertés essentielles

le catholicisme français est libéré : il est pauvre, mais libre.

Quand on consulte la presse catholique de l’époque, le ton est souvent dramatique. Hantés par le souvenir de la Révolution, d’aucuns s’attendaient à la fermeture des églises, aux messes clandestines, à la proscription du clergé.

Ils exagéraient : quel que fût leur anticléricalisme, Combes n’était pas Robespierre, Briand n’était pas Saint-Just.

La fin du Concordat, c’est aussi la fin de ces articles organiques que l’Eglise n’avait jamais acceptés. Et de ce point de vue, le catholicisme français, à travers la Séparation, a gagné des libertés essentielles. Liberté de réunion, liberté d’expression : le clergé peut dire ou écrire ce qu’il pense sans être menacé de suspension de traitement ou de comparution devant le Conseil d’Etat.

L’Eglise de France a gagné la liberté de proposer les évêques, Rome la liberté de les nommer. L’Eglise a gagné également la faculté de fonder des paroisses ou de modifier la carte ecclésiastique sans avoir besoin de l’accord de l’Etat : entre 1906 et 1914, il se construit 24 églises et le diocèse de Lille est créé en 1913.

Avec le recul du temps, on mesurera ce que le régime concordataire napoléonien — à côté de la sécurité qu’il apportait — pouvait avoir de contraignant pour l’Eglise. De ces contraintes, le catholicisme français est libéré : il est pauvre, mais libre.

Jean Sévillia : « Quand les catholiques étaient hors la loi » p. 229-230

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