Le christianisme a dû affronter la culture païenne

« C’est principalement sur d’autres terrains que le christianisme affronte la culture païenne : souci d’éliminer le polythéisme sacrificiel des campagnes et d’interdire les sacrifices païens. »

Il n’empêche ! Après la conversion de l’empereur au christianisme, dans ce lent processus de christianisation des mœurs romaines qui durera des siècles, non seulement les questions touchant à la sexualité n’opposent plus aussi nettement païens et chrétiens mais, surtout, elles sont bien moins fondamentales qu’on ne l’imagine aujourd’hui.

C’est principalement sur d’autres terrains que le christianisme affronte la culture païenne : souci d’éliminer le polythéisme sacrificiel des campagnes et d’interdire les sacrifices païens (ils le seront par Théodose en 391 ) ; lutte contre la torture et la cruauté des prisons ; protestation contre les représailles massives exercées sur les populations par les armées romaines ; condamnation de l’infanticide, des combats de gladiateurs (interdits une première fois en 325) ; tentatives pour adoucir la condition servile, etc.

Cette progressive prise en charge des règles de la cité par le christianisme romain implique par ailleurs ce qu’on appellerait aujourd’hui des « compromissions ». Ainsi sur la question militaire. Irréductiblement hostiles à la guerre au temps de Tertullien, objecteurs de conscience, dirions-nous maintenant, quand ils étaient une minorité opprimée, les chrétiens deviennent plus « réalistes » lorsqu’ils se retrouvent responsables d’un empire menacé de toutes parts par les barbares.
«  Nous voyons apparaître, écrit Marrou, les exigences opposées de la cité terrestre et de la cité de Dieu. »
C’est Augustin, contemporain épouvanté de la prise de Rome par les Wisigoths, le 24 août 410, qui inventera, dans cette perspective, la théorie de la guerre juste.

J.C. Guillebaud : La tyrannie du plaisir, p. 233

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