La violence et les jeunes : l’effacement des pères

Plus que de démission il faudrait parler de disqualification des pères par l’environnement social.

« Ce n’est pas la télévision qui en soit est dangereuse, c’est l’impact de ses images, qui sera plus ou moins fort selon la personnalité du téléspectateur qui la reçoit. Et la force de cet impact dépendra essentiellement des »repères« dont disposent l’enfant et l’adolescent pour structurer le réel. » (p.22)

L’effacement des pères :

« L’absence ou la dévalorisation de l’image du père dans notre société est source de violences. Car le père est vraiment le symbole de l’autonomie psychique, de la réalité extérieure et du sens de la loi. » (p. 25)

’Du fait des conditions de vie actuelles, de nombreux jeunes ont été élevés par leur seule mère. Et dans leur périple scolaire ils ont eu essentiellement affaire à des éducatrices ; l’identification à une image virile est de ce fait compromise. Depuis quelques décennies, l’image du père se dévalorise en même temps que s’estompent son autorité et ses responsabilités. Quelle idée donne de lui ce père qui se retrouve chômeur à la cinquantaine ?’ (p. 30) (citation de D.J. Duché)

La disqualification du père

"On le voit, plus que de démission il faudrait parler de disqualification des pères par l’environnement social. Et il nous faut parler du modèle dominant, diffusé par les médias, du père absent, humilié, indigne ou incompétent.
(…) Dans la plupart des scénarios de séries télévisées, le père est présenté comme incapable de se situer dans la relation éducative, de s’occuper des adolescents, encore plus de dire les exigences nécessaires à la vie en société, voire de réprimander quand cela est nécessaire." (p. 32)

Le père bafoué

« C’est un père en souffrance, de plus en plus décalé sur le plan culturel. Chaque fois qu’il prend la parole, il se fait ridiculiser, même par ses propres enfants, plus à l’aise que lui dans la culture moderne. Son autorité paternelle s’en trouve complètement sapée. » (p. 35)

"Pour le garçon comme pour la fille, le manque de père, qu’il soit absent, qu’il ne soit pas assez présent ou ne prenne pas ses responsabilités, ou qu’il reste un éternel adolescent, peut engendrer un manque de confiance en soi, des incertitudes, des manques de repère. Certains auteurs, comme Jacques Arènes, pensent que le manque de père est plus préjudiciable au garçon qu’à la fille, surtout au moment de l’adolescence. En effet le futur adulte se construit en s’identifiant au parent du même sexe. Il est nécessaire au garçon de trouver une présence masculine pour se comparer, se jauger, avoir accès à sa propre agressivité et en trouver les limites.
De plus, le jeune adolescent a besoin de vivre une mutation essentielle pour sortir de monde des femmes. Dans cette véritable initiation, la présence même corporelle et physique du père peut s’avérer importante. Si le garçon ne trouve pas sa masculinité à travers son père, par l’imposition de paroles et d’interdits, par le jeu corporel, il risque par contraste d’avoir peur de cette agressivité qui est en lui et de redouter l’univers féminin. (p. 39)

Extraits de La violence et les jeunes de Jean-Marie PETITCLERC

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