Une science sans culture (p. 113)

Le gain escompté l’emporte sur la soif de découverte. Ce qu’on trouve n’est plus vraiment destiné à l’ensemble de la communauté des hommes.

Le deuxième pilier sur lequel s’est fondée, pendant quatre siècles, la modernité occidentale, c’est la science expérimentale et ses applications. On sait de quelle façon elle a contribué, au fil des siècles, à infléchir l’histoire des hommes, à transformer la terre, à changer la vie.

Que reste-t-il de cette suprématie ? Pas grand-chose. Dévoyée en « technoscience » , et soumise aux impératifs prioritaires du marché, l’ancienne quête de connaissance a changé de nature. Elle n’obéit plus aux règles anciennes de la gratuité imaginative et de la validation académique. Elle procède d’un utilitarisme à courte vue. Le gain escompté l’emporte sur la soif de découverte. Ce qu’on trouve n’est plus vraiment destiné à l’ensemble de la communauté des hommes. La mise sous brevet de chaque « trouvaille » aboutit à privatiser la recherche scientifique, tout en formatant ses programmes, afin qu’ils conviennent aux calculs des financiers. Une découverte n’a de sens que si elle trouve un marché. La « connaissance » devient strictement instrumentale, partie prenante de cette dictature sans dictateur qui régit la marche du monde.

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J. C. Guillebaud  : Le commencement d’un monde ( p. 113)

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