Ces idées de la réincarnation des âmes bénéficient étrangement d’une grande vogue aujourd’hui, un peu comme si elles faisaient reculer l’échéance inéluctable de la mort.
L’idée chrétienne est tout autre. Si Dieu vient sur terre, c’est pour lutter contre la mort et libérer les hommes de son emprise. L’icône de la Nativité représente l’enfant divin allongé dans une crèche à l’image d’un tombeau et enveloppé - déjà ! - de bandes mortuaires en préfiguration de son combat ultime.
La victoire sur la mort signifie le maintien de l’intégrité de la personne unique, dans son âme et son corps, au-delà des forces de désintégration. C’est la personne en tant que telle qui ressuscite dans sa chair - au sens biblique du composé humain -, porteuse des stigmates de la souffrance éprouvée pendant la vie, mais non de la souffrance elle-même, comme le montre l’épisode où le Christ dit à l’apôtre Thomas : « Avance ici ton doigt, et regarde mes mains… ne sois pas incrédule, mais crois. » La foi en la manifestation du corps glorieux au-delà du trépas, distingue la mort dans la foi chrétienne des autres religions ou des philosophies élaborées par les hommes.
Michel Evdokimov : Ouvrir son cœur p. 104
Y a-t-il quelque chose après la mort ?
Mais bien sûr que oui ! J’ai l’humilité de me dire que ma conscience n’est pas à même d’imaginer la nature de ce dont il s’agit. Mais ce n’est pas moi, petit humain perdu dans l’univers, qui vais péremptoirement décréter qu’il n’y a rien ! Devant la Création je suis béat d’admiration. J’ai été élevé à la campagne, j’ai observé la nature : comment ne pas penser qu’il y a à l’origine de tout cela, un projet, une intelligence supérieure ? Nos vies modernes sophistiquées nous empêchent de voir la beauté du monde.
Nous sommes totalement aveuglés. Nous avons d’immenses connaissances technologiques mais, dans le domaine de la spiritualité, notre degré de conscience est si pauvre. A la mort, je crois que l’on quitte notre corps physique, mais que notre esprit continue de vivre sous une forme que nous sommes incapables d’imaginer. Je sens parfois la présence de ma mère. Pendant le tournage, je me suis adressé à Christian de Chergé …
Ces rôles à « dimension spirituelle » qu’on vous propose, est-ce simplement le hasard ?
Je vous l’ai dit : je ne crois pas au hasard. Même si nous avons souvent le sentiment que les évènements de notre vie se suivent sans aucune cohérence, je crois qu’il y a derrière comme un secret « fil rouge », une trame. Je crois que nous sommes mystérieusement guidés.
Comme si nous étions dans la main de … « Quelqu’un » ?
Derrière le brouillard, il y a comme un « projet », j’en ai l’absolue conviction. Cela dépasse notre capacité de compréhension. Il ne faut pas chercher à comprendre, à trouver des preuves. Il faut se laisser guider par le torrent. C’est peut-être cela la foi : faire confiance.
Lambert Wilson, comédien, (réalisateur du film « Des hommes et des dieux », interviewé par Bertrand Révillon (Revue Panorama, septembre 2010)