Depuis le retour de Marie à Nazareth il ne s’est écoulé que quelques mois bien remplis sans doute. Les deux époux vivent ensemble maintenant. Ils sont tout à la joie d’attendre ce mystérieux enfant. Leur vie quotidienne est occupée par le travail mais la prière y tient également une grande place.
Mais voici un imprévu. Tous les plans imaginés pour accueillir l’enfant sont bouleversés. Il va falloir reprendre la route pour regagner la Judée, pays d’origine de la famille.
Beaucoup d’inconnus à nouveau dans cette affaire. Joseph doit-il se présenter aux agents du recensement à une date précise ? Sinon pourquoi partir dans l’état où se trouve Marie ?
Mais l’évangéliste ne rentre pas dans ces détails. Ce qui lui paraît important c’est de montrer que par un concours de circonstances indépendantes de Marie et de Joseph l’enfant va naître à Bethléem, la ville de David dont il est le lointain descendant.
C’est dans une petite ville pleine de monde que Marie et Joseph sont arrivés. On ne trouve plus de place. Il faut se contenter du logement des pauvres, ces grottes qui n’offrent qu’un confort très limité surtout pour une femme qui doit accoucher. Pourtant c’est dans ce cadre que Jésus va naître.
Le récit de la naissance que nous donne l’évangéliste n’est pas un récit comme l’attendrait un occidental. En fait, le narrateur ne retient de la tradition que ce qui lui convient pour étayer sa thèse :
Jésus est né à Bethléem la ville de David son ancêtre et il est né comme les pauvres. Sa naissance n’est pas annoncée en fanfare comme il convient pour un fils de roi.
Cependant sa naissance ne passe pas inaperçue pour tout le monde : des pauvres en ont été avisés, ce sont les bergers. Que s’est-il passé exactement pour que ceux-ci se mettent en quête de cet enfant ?
Pour Luc l’important n’est pas là. C’est de montrer que Jésus nous évangélise déjà par sa naissance. Il nous faut donc « mortifier notre curiosité » selon la formule qu’aimait à répéter le Père Varillon.
Retenons avant tout que Jésus n’est pas venu au monde comme font les enfants des puissants. Sa venue au monde est d’abord une bonne nouvelle pour les pauvres et les pécheurs.
Dans les récit du massacre des innocents rapporté par Mathieu on voit que dès sa naissance Jésus se présente comme une menace pour les puissants. Ils voient en cet enfant quelqu’un qui viendra réduire ou confisquer leur pouvoir. Jésus n’a rien d’un concurrent ni pour Hérode ni pour Pilate. Son « royaume n’est pas de ce monde ».
C’est là quelque chose de bien difficile à croire pour ceux qui redoutent de perdre leur pouvoir.
Quand on parle de fuite en Egypte faut-il comprendre que Joseph et Marie ont franchi l’isthme de Suez et se sont retrouvés dans la vallée du Nil. Sans doute pas. Après tout la principauté d’Hérode n’est guère étendue et il ne faut pas comprendre les frontières de cette époque comme celles de notre temps avec douaniers et gardes-frontières.