Dès 1947, les découvertes des manuscrits de la mer Morte, cachés dans les onze grottes près du site de Qumrân, ont largement bouleversé nos connaissances.
Il s’agit là de textes de l’Écriture, appelée souvent l’Ancien Testament. En plus, on découvre de nombreux documents, propres à une communauté de type quasi monastique, celle des « sectaires de la Nouvelle Alliance », constituant probablement une branche des groupes esséniens.
Ces découvertes ont une grande importance sur les deux points suivants : D’abord, elles permettent une connaissance précise des textes de l’Écriture, tels qu’ils circulaient au I° siècle et sur lesquels Jésus et les siens constamment s’appuyaient.
Ensuite, et plus encore, une connaissance entièrement renouvelée du milieu juif diversifié, antérieur à la ruine du second Temple en l’an 70. Or, c’est à partir de cette connaissance des mouvements politico-religieux existant à l’époque en Israël que l’on peut mettre en relief, par analogie ou contraste, les paroles et les gestes de Jésus, répercutés dans les évangiles.
Sur le premier point, un bond de mille ans en arrière s’est opéré : les anciens manuscrits complets de l’Écriture, jusque-là connus, dataient seulement du VIII°, pour le texte des Prophètes et du XI°, pour tout l’Ancien Testament.
Or, les plus anciens éléments découverts à Qumrân datent du III° siècle avant notre ère, et ils s’étalent ensuite jusqu’à la destruction du site par les Romains en l’an 68 de notre ère. On est alors étonné par la grande fidélité des scribes lors de la recopie de ces textes jusqu’au Moyen Age.
Plus encore, les manuscrits propres à la communauté susdite ont largement fait éclater une saisie jusque-là trop unifiée du Judaïsme ancien. D’aucuns parlent désormais des Judaïsmes du II° siècle, avant la ruine du Temple en 70 et même jusqu’à la catastrophe plus radicale encore de l’an 135 de notre ère. Par la suite, le Judaïsme dit rabbinique devait s’imposer.
(Charles Perrot, « Jésus », p. 14)