Fr. H. Détraz : l’école de Belgrade de 1937 à 1939

Les évènements qui ont marqué ces trois années.

1937 : visite du Fr Provincial

En 1937 – Le Cher Frère Provincial, de passage à Beograd, écrit dans sa circulaire : « Nous avons assisté à la fête de Saint Sava, un saint de l’église orthodoxe, fondateur de l’église Serbe et considéré, à ce titre, comme patron de la Serbie.
Sa Fête le 27 Janvier est célébrée dans toutes les écoles. Comme notre école compte une grande majorité d’Orthodoxes nous devions nous associer aux réjouissances populaires. A cet effet, l’école offre à tous les parents une grande séance artistique qui amène sur la scène tous les enfants à la grande joie des familles. La séance se termine par une distribution de bonbons.

Le Cher Frère Provincial se plait à souligner la bonne entente et l’étroite collaboration qui existe entre la Communauté et le corps professoral civil : la préparation de la fête a été une œuvre commune, comme le succès en a été la récompense.

Le gymnase fait naître des espérances

Passant aux études, le C.F. Provincial souligne les espérances que fait naître le gymnase. La 1° classe , celle qui ouvre l’enseignement secondaire, a eu ses 25 élèves au lieu de 16 l’année précédente. L’examen de fin d’année et la forte taxe à payer pour le subir seront toujours deux grands obstacles à la prospérité de notre gymnase jusqu’au jour où il obtiendra une reconnaissance officielle. Pour le moment ce gymnase fonctionne comme un cours libre où des élèves viennent préparer leurs examens de fin d’année.

Avant de quitter Beograd, le F. Provincial consigne cette réflexion du P. Bélard, supérieur des Assomptionnistes,
« J’eus peur un moment que l’ouverture du gymnase n’amenât un changement dans la conduite et la mentalité des enfants. Fort heureusement mes craintes ont été vaines ; tout en grandissant, ces enfants conservent toutes leurs qualités et toutes leurs grâces enfantines.

Au mois d’Avril de cette année, nous eûmes la visite de M. Charlety , vice- recteur de l’Université de Paris. Il fut heureux , lui Savoyard, d’entendre chanter par de jeunes Yougoslaves « Les Allobroges »

A la rentrée de Septembre, l’internat compte 40 pensionnaires. Le chiffre total des inscriptions atteint 270 dont 60 dans les trois premières classes du gymnase. En petite classe on enregistre 45 nouveaux élèves. Il y a de l’espoir pour l’avenir !

1938 : des projets d’agrandissement hantent les esprits

En 1938 – Les projets d’agrandissement hantent les esprits ; mais bien vite la raison prend le dessus en montrant qu’il y a des repos qui s’imposent. La communauté se serrera encore un peu et ainsi on arrivera à trouver un appartement pour la 4° classe du gymnase qui doit s’ouvrir en septembre prochain. Divers échos recueillis en ville proclament combien les familles sont satisfaites de l’école franco-serbe. Quand nous aurons la reconnaissance officielle du petit gymnase , l’école atteindra facilement les 300 élèves.

L’année scolaire 1938 se termine en juin, avec les résultats suivants : Examen de passage de la classe

  • de 4° au Gymnase = 42 présentés, 41 reçus
  • de 1° du gymnase en 2° = 26 présentés, 24 reçus
  • de 2° du gymnase en 3° = 20 présentés, 20 reçus
  • de 3°du gymnase en 4° = 15 présentés, 15 reçus

L’Internat est au complet avec 48 pensionnaires.

Situation fragile de l’école
qui risque la fermeture

En 1939 – Le nouveau Ministre de France à Beograd, M. Brugère, parait peu sympathique à l’école des frères d’après le F. Provincial qui vient d’avoir une entrevue avec lui. Il formule des plaintes, exprime le désir de vois quelques mutations se produire dans notre établissement. Par contre il a le plaisir d’apprendre que l’école vient d’obtenir le reconnaissance officielle après avoir couru , pendant quelques jours, le grand danger d’être fermée comme non reconnue.

Une demande indiscrète avait attiré l’attention du Ministère de l’ Instruction Publique sur notre école et avait fait découvrir son point faible. Le Ministre consulté avait répondu : « Fermez cette école » Là-dessus, une crise ministérielle amène un nouveau gouvernement à tendance francophile . Le nouveau Ministre de l’Instruction Publique, est un ami personnel du P. Privat Bélard, supérieur des Assomptionnistes et Curé de la paroisse française. Il passe aussitôt à ses services le mot d’ordre suivant : « Arrangez-moi cette affaire ».

En reprenant la question par la base,on découvre que le permis de fonctionnement des Sœurs mis en accord avec la Loi de 1931, ne porte que la simple mention : « Ecole franco-serbe. » sans autre précision. La porte de sortie est trouvée. Comme les écoles élémentaires peuvent avoir une section de garçons et une section de filles, rien ne s’oppose à ce que l’école franco-serbe jouisse de cet avantage. Dorénavant elle aura ses deux sections distinctes : celle des garçons sous la Direction des Frères Maristes et celle des filles sous la Direction des Sœurs Oblates de l’Assomption. Ainsi tout rentre dans la légalité la plus parfaite au moment où tout semblait perdu. La divine Providence a ses heures. Confiance !

Le fr Détraz reçoit le titre de directeur de l’école

Les pièces officielles ne tardent pas à être délivrées ; le Frère Jules Henri DETRAZ reçoit le titre de Directeur de l’école élémentaire et une nouvelle vie commence pour l’établissement , volant enfin de ses propres ailes.
Dans la suite, on essaiera de poursuivre la reconnaissance du Gymnase ; le pas réalisé donne une assise solide à notre école.

Son Eminence le Nonce Apostolique , Mgr FELICI, désirerait vivement que nous lancions une maison de recrutement et de formation en Croatie en vue d’avoir des Religieux instituteurs dans les paroisses. C’est un projet enchanteur mais les temps ne sont pas favorables à sa réalisation.

La maison demande du dévouement
et de l’esprit de sacrifice

Dans sa circulaire n° 280, en date du 19 Mars, le F. Provincial termine ainsi les pages qu’il consacre à cette visite :
« Comme partout la Maison de Beograd demande du dévouement, de l’esprit de sacrifice. Le C.F. Directeur dirige, professe, soigne les malades et les bobos et fait des remplacements bien souvent. Les Frères n’ont qu’une petite salle d’ étude.
Pour se récréer, travailler : les chambres à coucher sont fort étroites et bien modestes. L’école connaît la prospérité, le reste est secondaire à leurs yeux. Ils sauront prendre patience jusqu’au jour où une construction nouvelle viendra leur donner le minimum de dépendances dont ils ont bien besoin.

A la rentrée de Septembre 1939, magnifique rentrée scolaire, 57 élèves en petite classe au lieu de 47 l’année précédente. Les Internes 49 occupent toutes les places.

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Fr. Hilaire Détraz, extraits de ses Mémoires (1980)

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