Un autre trait concerne la relation de Marie à l’Esprit saint. On avait accusé le mouvement marial précédent, surtout à partir de Trente, de substituer Marie à l’Esprit saint dans la considération doctrinale. On lui reprochait de détourner à son profit les fonctions et rôles reconnus à l’Esprit. Plus encore, la Vierge faisait partie d’une nouvelle « trinité » : le Père, le Fils et Marie. On a parlé de la « vacuité pneumatologique » de la mariologie.
D’intéressantes contributions, en particulier bibliques, ont jeté une bonne lumière sur ce point, je pense aux études de H. Mühlen .
Cette réflexion invite à une meilleure appréciation du lien entre Marie et la Trinité et à éviter le titre extrêmement ambigu de « Marie épouse de l’Esprit » , car l’Esprit de Dieu en venant sur Marie ne joue pas le rôle d’un procréateur, mais celui d’un créateur, comme lors de la création du monde.
Mais on rencontre, là aussi, le danger d’une inflation, par exemple avec la thèse qui affirme l’existence d’une « union hypostatique » entre la Vierge et l’Esprit Saint.
C’est celle de Leonardo Boff, le franciscain brésilien connu pour sa théologie de la libération. Ceci est lié chez lui à une considération très forte de la dimension féminine de l’Esprit : le féminin est approprié au Saint-Esprit qui aurait de ce fait la mission de « diviniser hypostatiquement » le féminin (de même que le Christ divinise le masculin).
( Bernard Sesboüé : « Marie », ce que dit la foi- page 46)