Dans ses argumentations J. Duquesne fait preuve d’une puissance d’affirmation vraiment incroyable, portée par son réel talent de vulgarisateur. De temps en temps, il invoque l’évidence ou il ponctue son raisonnement d’un « Sans commentaire », destiné à vous laisser pantois. Là où les savants « mondialement connus », sous lesquels il aime à placer son discours, risquent des hypothèses, souvent contraires, dans le cadre d’un dialogue qui se corrige et se perfectionne sans cesse, Duquesne se croit légitimé à tirer avec une sorte de joie les conclusions les plus drastiques, sans doute parce qu’elles vont déniaiser le pauvre catholique de la base qu’elles provoquent à dessein. Il ne l’aide pas à se former un jugement, il conclut à sa place.

Son livre est le fruit d’une réelle érudition (57 pages de notes pour 170 pages de texte) et peut faire illusion. Mais celle-ci est assez superficielle : l’auteur tire de l’information partout où il la trouve, sans trop se préoccuper du contexte ni de l’opinion de l’auteur qu’il cite.
En fait, l’ouvrage est le fruit d’une demi-science, c’est-à-dire que les arguments retenus et proposés vont tous dans le même sens. On y sent la plaidoirie de l’avocat qui met soigneusement en veilleuse tout ce qui contredit sa thèse et monte en épingle tous les arguments favorables.
Je ne veux pas reprocher à J. Duquesne d’avoir écrit un ouvrage de seconde main, car c’est le propre d’un vulgarisateur qui veut informer. Mais j’ai le droit de critiquer certains de ses procédés visibles à l’œil nu : celui de l’amalgame, qui met sur le même pied les affirmations propres de la foi concernant Marie et les innombrables thèses théologiques ou exagérations pieuses qui ont illustré l’histoire.
B. Sesboüé :« Marie », ce que dit la foi, p. 14