L’Etat s’approprie le modèle congréganiste

L’Etat s’approprie le modèle congréganiste de formation mais il réussit là où les fondateurs religieux ont échoué : former des laïcs - non un corps hybride entre le laïcat et le clergé.

Ainsi l’Etat s’approprie le modèle congréganiste de formation (d’ailleurs les E.N. auront encore un certain temps un règlement qui les rapproche des noviciats congréganistes) mais il réussit là où les fondateurs religieux (et notamment Champagnat) ont échoué : former des laïcs - non un corps hybride entre le laïcat et le clergé.

Peu à peu la société se reconnaîtra mieux dans ce corps plus proche d’elle par son genre de vie et ses projets d’ascension sociale. Et les autorités ecclésiastiques - dont une grande partie des membres ne comprenaient pas l’utilité des congrégations - se seraient fort bien accommodées de cette formule si l’Etat et une partie de la société n’avaient pas manifesté, après 1880 surtout, une agressivité laïque inexorable.

Les congrégations n’étaient pas complètement innocentes car elles avaient traité avec fort peu de ménagements leurs concurrents laïques, reléguant ceux-ci dans des postes marginaux et s’attribuant les écoles les plus peuplées. Elles ne surent pas se concilier leurs collègues laïcs parce que, bien que laïques elles-mêmes, elles offraient un modèle d’éducateur de plus en plus séparé de la société.

Devenus les protégés de l’Etat les instituteurs laïques leur rendront avec usure les déboires qu’elles leur avaient infligés. Il n’empêche qu’elles auront accumulé un capital de sympathie et de compétence qui leur permettra de résister à une étatisation qui ne négligera pas les moyens arbitraires ni une propagande méprisante pour les éliminer.

Même si les congrégations avaient été irréprochables elles eussent été quand même attaquées tôt ou tard car elles représentaient, face à la montée de la centralisation, la capacité des pouvoirs locaux et régionaux à répondre à leurs propres besoins. Leur action ne pouvait être comprise par le Jacobinisme républicain triomphant de la fin du XIXe siècle, imbu d’une idéologie d’Etat : la laïcité.

Catholiques intransigeantes et d’initiative provinciale les congrégations n’avaient guère de chances d’être ménagées car elles incarnaient deux principes jugés rétrogrades. C’est entre 1828 et 1840 que pour les congrégations se noue la contradiction entre elles, l’Etat et une partie de la société.

A. Lanfrey : Marcellin Champagnat et les Frères Maristes

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