L’Eglise et l’épiscopat sous Napoléon 1er

« Le plus bel exemple peut-être que donna cet épiscopat de sa vassalisation fut l’acceptation par lui du catéchisme unique que Napoléon voulut imposer à tout l’Empire : le catéchisme impérial »

Les évêques, qu’avait choisis l’Empereur, mirent beaucoup d’empressement à montrer leur gratitude en le servant. « Il y a un rapport, Messieurs, leur écrivait Fouché, ministre de la Police, entre mes fonctions et les vôtres : notre but commun est de faire naître la sécurité de l’Empire au sein de l’ordre et les vertus. »
Ce fut d’ailleurs bien ainsi que les « préfets en soutane » comprirent leur rôle. Lorsque Maury fut nommé archevêque de Paris, le même jour où Pasquier devint préfet de police, il s’écria : « l’Empereur vient de satisfaire aux deux plus grands besoins de sa capitale : avec une bonne police et un bon clergé, il peut être toujours sûr de la tranquillité publique : car un archevêque est encore un préfet de police ! »
On vit donc les évêques non seulement inviter au calme et au respect de l’ordre, ce qui est encore assez dans leurs attributions, mais publier des mandements pour faire admettre la conscription, voire collaborer avec la police pour neutraliser les mauvais esprits. Fâcheuse attitude pour des représentants de Dieu, que cette soumission sans réserve au pouvoir ! C’était payer dix ou quinze mille francs de traitement qui leur étaient attribués, et le droit de retrouver une place protocolaire honorable !
Cette conception de leur rôle qu’eurent des hommes par ailleurs dignes d’estime devait avoir par la suite des résultats assez déplorables ; trop fonctionnarisé, l’Episcopat concordataire allait, pendant très longtemps, demeurer à l’écart des préoccupations et des inquiétudes de son troupeau, beaucoup trop lent à saisir les mouvements de la conscience chrétienne ; cela pèsera lourd sur les destinées de l’Église au 19e siècle.

Le plus bel exemple peut-être que donna cet épiscopat de sa vassalisation fut l’acceptation par lui du catéchisme unique que Napoléon voulut imposer à tout l’Empire : le catéchisme impérial. Dès le lendemain du Concordat, il s’était ouvert de ce projet à Portalis, et celui-ci, chez qui l’instinct d’adulation était développé, l’avait compris à demi-mot : ce catéchisme devrait surtout servir à expliquer aux bons sujets de Sa Majesté que Dieu voulait qu’ils lui fussent bien soumis.

D. ROPS :
L’Eglise des Révolutions, p. 165

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