Le prêtre diocésain, de son côté, est trop souvent exposé à toutes les demandes, d’où qu’elles viennent. Et il est seul pour y répondre. En outre, en France, les prêtres n’ont pas de statut social reconnu. On les admire pour leur générosité, mais beaucoup de gens pensent qu’ils gâchent leur vie.
Comment en est-on arrivé là ? La situation était très différente au début du siècle, au bon temps de l’anticléricalisme primaire. L’instituteur, qui avait une culture solide, se retrouvait face à un prêtre, lui aussi cultivé. Et ce dernier devait avoir une certaine trempe pour exister devant les anticléricaux. Aujourd’hui, le prêtre a un statut social humilié dans la société française. Aux yeux de l’homme de la rue, une vie livrée à la continence totale est perçue comme insensée et inhumaine. Et cette opinion commune pèse sur ceux qui auraient envisagé la vocation sacerdotale.
Enfin, les jeunes sont fortement marqués par l’esprit de notre temps, qui comprend de moins en moins les engagements à long terme, qu’il s’agisse du mariage ou du sacerdoce. Comment, se dit-on, être fidèle pendant trente, quarante ou cinquante ans à des promesses faites dans l’ardeur de la jeunesse alors que les événements de l’existence vous font évoluer et changer ?
Henri Madelin, Sous le soleil de Dieu, p. 60