Des conceptions théologiques différentes conduisent
à des vues anthropologiques différentes.(p. 141)
Des conceptions théologiques différentes conduisent, c’est évident, à des vues anthropologiques différentes. Selon qu’on confesse un Dieu qui s’incarne, comme dans le christianisme, un Dieu qui se définit par une transcendance absolue comme dans l’islam, ou encore qu’on se réfère à une sagesse, tel le bouddhisme qui tient la réalité pour une illusion transitoire, les conceptions de l’homme ne peuvent être semblables.
De cette diversité on voit plusieurs illustrations. Ainsi du statut de l’homme et de la femme. Si la pratique chrétienne a établi une certaine inégalité entre les deux, à commencer par saint Paul qui écrit :
« Femmes, soyez soumises à vos maris »,
au nom de l’analogie avec l’union du Christ et de l’Église, c’est néanmoins le christianisme qui est allé le plus loin dans l’application de l’égalité juridique entre l’homme et la femme par le mariage.
Dès les premières communautés, les jeunes femmes chrétiennes à Rome ont affirmé leur liberté de choix. Les sociétés chrétiennes ont été les premières, longtemps les seules, à faire du mariage un contrat fondé sur l’accord de deux volontés libres.
La tradition chrétienne a beaucoup fait pour la promotion de la femme et cette dimension de l’anthropologie est un des points sur lesquels il n’est pas possible aux chrétiens de transiger. C’est par référence à cette notion anthropologique que l’Église motive la condamnation de l’avortement, de l’euthanasie et du suicide. Toute une conception de la vie humaine, en somme.