"Sécuriser,
c’est protéger l’enfant contre le risque d’une relation trop fusionnelle avec la mère. Sécuriser c’est reconnaître l’altérité de l’enfant, c’est l’aimer comme il est, et non comme on voudrait qu’il soit. Et il faut toujours être prêt à faire le deuil de son projet pour l’enfant afin de l’aider à réaliser son propre projet.
Sécuriser,
c’est savoir dire non, c’est poser clairement les interdits. L’enfant a besoin de rencontrer sur sa route des adultes qui sachent lui tenir tête, s’opposer à lui. Sinon on risque de le conforter dans une apparente, et désastreuse, illusion de toute-puissance. Et il est paniquant pour l’enfant de penser que tous ses désirs peuvent se réaliser. Il a besoin, pour être sécurisé, d’un père (le père réel, ou celui qui joue son rôle) qui sache lui dire non. (…)
Sécuriser,
c’est enfin apprendre à l’enfant à mémoriser de la réussite. Car l’homme est ainsi fait qu’il n’est capable d’affronter une difficulté qu’en se souvenant d’une réussite antérieure. C’est un rôle essentiel du père celui de conforter son enfant dans ses capacités de réussir. Je connais trop d’adolescents qui, vivant sous un regard constamment dévalorisant de leur père, perdent toute confiance en eux-mêmes et toute estime de soi." (p. 41)
« Mon approche des familles en difficulté »
"Je sais, pour ma part, avoir quelque peu modifié, ces dernières années , mon approche des familles en difficulté. Hier, lorsque j’entendais des parents me parler des difficultés de leurs enfants, ou avec leurs enfants, je centrais mon écoute sur ces difficultés et présentais mon action comme susceptible d’ouvrir quelques pistes de résolution de ces difficultés.
Aujourd’hui, ce qui me paraît le plus important, c’est de faire parler la famille sur son projet. ’Ce serait quoi, pour vous, une situation ou cela irait mieux avec l’enfant ?’. C’est aussi de proposer un accompagnement pour ce projet dont elle est porteuse." (p. 46)
La féminisation du corps éducatif
" Combien vois-je d’adolescents, en difficulté relationnelle avec leur mère qui les élève seule, qui ne rencontrent au collège que des enseignantes et une ’principal’. Après leur premier délit, ils sont conduits chez Madame le juge pour enfants, qui confie une mesure éducative à une éducatrice spécialisée ! Les seuls hommes qu’ils rencontrent sont les CRS ! Et l’affrontement est vif !
On ne soulignera jamais assez combien l’enfant et l’adolescent ont besoin de ’parité’ homme-femme dans l’accompagnement éducatif." (p. 47)
Extraits de La violence et les jeunes de Jean-Marie PETITCLERC