Le multiculturalisme, l’immigration, les brassages et métissages des cultures nous posent évidemment des problèmes nouveaux. Ils sont la transformation en problèmes domestiques du vieux face-à-face colonial de naguère. Le dehors est arrivé chez nous. Il frappe à nos frontières et, inexorablement, les franchit. Nulle barricade, nulle douane, nulle gendarmerie ne nous protégera bien longtemps de ce rendez-vous. Que nous le voulions ou non, nous serons pluriels et métis.
Il nous reste à en tirer parti, sans démagogie et sans xénophobie. Quant à la haine de l’autre, aux envies d’expulsions et de fermeture qui saisissent parfois nos consciences, ce sont des réactions aussi vaines que celles des « civilisateurs » qui s’efforçaient, jadis, de contenir les peuples sous l’autorité d’une métropole armée de canons.
Nous allons ainsi au-devant d’un rendez-vous auquel l’Histoire ne nous avait pas préparés. Mille chances et mille questions sont devant nous.
J. C. Guillebaud : Le commencement d’un monde (p 10)