Le principe anthropique

L’Univers obéit très précisément aux lois qu’exige l’apparition de la vie et de la conscience. (p 320)

Les investigations combinées des physiciens et des astronomes ont mis au jour un ensemble de coïncidences tout aussi énigmatiques que celles de la biologie des siècles antérieurs. Je vais en décrire quelques-unes ; il y en a bien d’autres.

Les valeurs numériques qui décrivent l’intensité des différentes forces de la nature (gravité, électromagnétique, nucléaire forte, nucléaire faible) sont des exemples particulièrement frappants. Si elles étaient un tant soit peu différentes (et vraiment peu…), l’Univers aurait évolué très différemment. Il se serait certes refroidi quand même mais serait resté stérile. Aucun système complexe n’y serait apparu (atomes, molécules). La vie en serait absente !

De même, si les populations relatives des électrons et des photons n’avaient pas les valeurs mesurées, les galaxies, les étoiles et les planètes n’existeraient pas, le cosmos serait entièrement gazeux.

C’est à Fred Hoyle que nous devons l’exemple suivant : si les propriétés des niveaux d’énergie du noyau de carbone n’avaient pas exactement les valeurs numériques qu’elles ont, le carbone serait pratiquement inexistant dans la nature. Or nous connaissons la place primordiale du carbone dans l’élaboration des structures biologiques. On trouvera bien d’autres exemples dans le livre Before the Beginning de Martin Rees (Hélix Books, 1998).

De nombreux auteurs ont tenté d’interpréter ces coïncidences en termes d’un « principe anthropique ». Personnellement, je préfère l’appellation « principe de complexité », moins anthropomorpbique. L’existence des plantes et des animaux y est impliquée au même titre que celle des humains. Que dit ce principe ? Les énoncés sont nombreux. Chaque auteur a sa propre formulation. On les regroupe en deux versions : la faible et la forte.

La version faible dit simplement que l’Univers obéit très précisément aux lois qu’exige l’apparition de la vie et de la conscience. Nul ne saurait le nier puisque nous sommes ici !

Dans la version forte, à connotation philosophique, ces coïncidences sont reconnues comme des manifestations d’un projet dans la nature. Selon le physicien Freeman Dyson : « Quelque part, l’Univers savait que nous allions venir. » Cette interprétation, on s’y attend, est l’objet de nombreuses polémiques…

Hubert Reeves  : « Je n’aurai pas le temps » p 320

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