Des « religions » issue du matérialisme

C’est dans une atmosphère teintée de triomphalisme que vont se développer des mouvements « scientistes ».

Mais pour compléter notre démonstration établissant la responsabilité des Églises plus que des religions dans les conflits relatifs à la science, regardons du côté des « religions » issues du matérialisme.

Le premier exemple concerne la France de la seconde moitié du XIXe siècle. Les idées rationalistes, un moment tancées lors de la Restauration, étaient revenues en force avec la cohorte des savants produits par les écoles de la République. On était fier de la mécanique, que Lagrange et Laplace avaient portée à un point de perfection extrême, on admirait la physique, à laquelle Fresnel, Faraday puis Maxwell allaient apporter une contribution essentielle. La chimie naissait à peine et on la croyait déjà finie. Darwin, Pasteur et Claude Bernard posaient les bases de la biologie. Lyell et Cuvier avaient consolidé la géologie.

Naissance de mouvements « scientistes »

C’est dans cette atmosphère teintée de triomphalisme que vont se développer des mouvements « scientistes » dont on n’a jamais connu l’équivalent depuis.

Ernest Renan, séminariste défroqué, ami de Marcellin Berthelot, futur professeur au Collège de France, n’hésite pas à parler de la «  Religion de la Science ». Il veut construire « une religion naturelle et rationnelle », dont il attend une organisation scientifique de l’humanité ; et après l’avoir organisée, la science « ORGANISERA DIEU » (en majuscules dans le texte). L’enthousiasme de Renan pour la science ne le conduit pourtant pas à s’enfermer dans le dogme. Il aspire à une démarche déterminée, rigoureuse mais ouverte.

L’attitude du courant positiviste, dont le porte-parole le plus éloquent sera Auguste Comte, est à la fois plus fermée et plus radicale. La religion est fondée sur la science et son but est le bonheur de l’humanité.

Auguste Comte établit la « religion de l’Humanité » sous les trois aspects du « dogme », du « culte » et du « régime ».

Il publiera même un Catéchisme positiviste, ce qui est un comble pour qui se réclame de la démarche scientifique, et ce afin de réfuter les « croyances » chrétiennes.

Et pourtant le groupe des positivistes qui prétendait représenter la science, la vraie, la seule, et mieux encore la promouvoir, va s’opposer :

  • à la notion d’atomes et de molécules, et donc au développement de la chimie puis de la physique statistique ;
  • à l’utilisation de certains instruments comme le microscope, susceptibles de fausser l’observation ;
  • au calcul des probabilités, au nom du déterminisme, synonyme pour eux de rationalisme.

Auguste Comte se rendra par ailleurs célèbre par une classification des sciences, tout à fait « religieuse » il est vrai, qui place les mathématiques en haut, les sciences de la nature en bas !

Pour défendre ces thèses, les positivistes utiliseront tous les moyens de propagande et de coercition. Les brimades qu’infligea aux jeunes atomistes le mandarin Marcellin Berthelot sont bien les équivalents des condamnations par l’Église des tenants du darwinisme.

Au nom de la science, ils chercheront à étouffer celle-ci dans ce qu’elle a d’essentiel : le progrès.

Ces rationalistes sûrs d’eux avaient pour noms Berthelot, Sainte-Claire Deville, Duhem et Mach parmi les scientifiques, mais aussi Emile Zola, Victor Cousin, Louis Liard et Ferdinand Buisson. Le jeune Jean Jaurès se laissera entraîner à assister à ces grandes réunions rationalistes où Berthelot fustigeait les atomes. La science infligera à tout ce beau monde un cuisant démenti moins de trente ans plus tard avec l’explosion des découvertes concernant l’atome qui allaient déboucher sur une physique microscopique, atomique et indéterministe !

(Claude Allègre, Dieu face à la Science, p 248)

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