En préservant toutes les formes de vie, c’est nous-mêmes que nous préservons.

Une organisation fondamentale pour que la vie continue sur Terre. (p 282)

Prenons la situation de plus haut. Voyons notre Terre. Elle seule, dans notre Système solaire, héberge la vie. Elle foisonne de millions d’espèces animales et végétales. Le contraste est grand avec les autres planètes, dont le sol est sec, aride et désertique.

Nul ne sait comment la vie est apparue sur la Terre il y a un peu moins de 4 milliards d’années. Mais nous connaissons les facteurs qui en assurent la pérennité : l’alimentation, les sources d’énergie et la reproduction qui permet à la lignée de durer.

Nous savons maintenant que les gènes jouent ici un rôle fondamental. Les êtres naissent et se développent grâce à ceux qu’ils ont reçus de leurs parents. Toute leur vie, ils les entretiennent et les transmettent à leur tour. Dans cette optique, on peut considérer les comportements des animaux comme les éléments d’une logistique de transmission des gènes. C’est en son nom que la mise à mort des animaux malades, plus facilement prélevés par les prédateurs, « assainit » le patrimoine génétique. Une sorte de mécanique implacable qu’illustrent les images parfois sanglantes des documentaires. (1)

Cette organisation est fondamentale pour que la vie continue sur Terre. Force nous est de reconnaître que nous lui devons la nôtre ! Vu sous cet angle, sauver la biodiversité, c’est aussi manifester notre reconnaissance à cette logistique pour le fait d’exister, aujourd’hui, ici et maintenant.

Un élément complémentaire vient s’y ajouter, dont nous découvrons progressivement l’importance : l’interdépendance des espèces vivantes. Dans ce réseau qui profite à tous, chaque lignée vient s’inscrire comme un maillon indispensable. L’érosion de la biodiversité à laquelle nous assistons, l’extinction par l’activité humaine d’un nombre sans cesse croissant de familles animales ou végétales, appauvrissent et fragilisent tout l’écosystème, dont nous sommes nous aussi un élément. Le cas des abeilles est particulièrement dramatique. Leurs populations ont considérablement chuté depuis quelques années et l’on peut craindre le pire. Or ces insectes jouent un rôle majeur dans la pollinisation des arbres fruitiers qui assurent la nourriture à une grande fraction de l’humanité.

En cherchant à préserver toutes les formes de vie, c’est également nous-mêmes que nous préservons.

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Hubert Reeves  : « Je n’aurai pas le temps » p 282


(1) Bien sûr, il n’y a pas que cela. Il y a aussi la mère crocodile qui transporte délicatement ses nouveau-nés entre ses dents pour les mettre à l’abri. Il y a les parents oiseaux qui s’affairent sans arrêt pour apporter la becquée à leurs oisillons. Il y a des actes de solidarité chez des singes et des attitudes de compassion chez les éléphants.

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