La connaissance des origines chrétiennes
On ne sait rien, ou presque rien, de sa jeunesse [celle de Jésus]. Lui qui allait marquer si profondément l’Empire romain passe à peu près inaperçu des autorités d’alors, et des historiens de cette époque.
Jésus est entré dans l’histoire officielle à cause de ses disciples, disons de l’Eglise. A ceux qui ont cherché à nier son existence on a toujours fait la même objection : mais alors comment expliquez-vous la naissance de l’Eglise ? A cela ils n’ont pas trouvé de réponse.
Cela ne veut pas dire que l’existence de Jésus est totalement ignorée des écrivains profanes de son époque. Pour rester bref citons seulement : Tacite, Suétone, Pline le Jeune et Flavius Josèphe.
Mais évidemment l’essentiel de ce que nous savons sur Jésus nous vient des écrits chrétiens, cette partie de la Bible que nous appelons le Nouveau Testament. La matière est abondante.
Faut-il croire les Ecritures ?
Oui, mais diront certains, comment être sûr qu’il ne s’agit pas d’inventions de chrétiens qui voulaient se faire plaisir ? C’est une position indéfendable. Tous les spécialistes, croyants ou non, reconnaissent la valeur des Evangiles et des autres écrits des origines chrétiennes.
Il y a d’abord leur ancienneté, que personne ne conteste. Les premiers écrits du Nouveau Testament, les lettres de l’Apôtre Paul, pour les plus anciennes remontent aux années 50 de notre ère, à peine 20 ans après la mort de Jésus. Les 3 premiers Evangiles (Mathieu, Marc et Luc), ainsi que les Actes des
Apôtres ont été écrits dans les années 70. Le 4e Evangile et l’Apocalypse que la Tradition attribue à l’Apôtre Jean sont plus récents mais ont été rédigés avant la fin du 1er siècle.
Les manuscrits du Nouveau Testament
« Les originaux des vingt-sept écrits composant le Nouveau Testament ont tous disparu. Subsistent seulement un bon nombre d’anciens papyrus et de parchemins actuellement dispersés dans les grandes bibliothèques internationales : ainsi, près de 88 fragments sur papyrus dont certains remontent à l’an 150 de notre ère ; ou encore, les 274 manuscrits grecs écrits en lettres majuscules dites onciales, et près de 2.770 manuscrits en lettres grecques cursives.
Par ailleurs, existent toujours de nombreuses versions en d’autres langues anciennes, en latin, syriaque, copte et arménien. D’où, près de 5.000 témoins manuscrits, en comptant les anciens lectionnaires liturgiques ; et beaucoup plus encore, lorsque sont collationnées les citations bibliques opérées par les écrivains des premiers siècles de notre ère.
La situation manuscrite est donc meilleure que celle des auteurs de l’antiquité, comme Platon, Tacite et autres. »
Les découvertes de Qumrân
"Dès 1947, les découvertes des manuscrits de la mer Morte, cachés dans les onze grottes près du site de Qumrân, ont largement bouleversé nos connaissances. Il s’agit là de textes de l’Écriture, appelée souvent l’Ancien Testament. En plus, on découvre de nombreux documents, propres à une communauté de type quasi monastique, celle des “sectaires de la Nouvelle Alliance” , constituant probablement une branche des groupes esséniens.
Ces découvertes ont une grande importance sur les deux points suivants : D’abord, elles permettent une connaissance précise des textes de l’Écriture, tels qu’ils circulaient au I° siècle et sur lesquels Jésus et les siens constamment s’appuyaient. […]
Or, les plus anciens éléments découverts à Qumrân datent du III° siècle avant notre ère, et ils s’étalent ensuite jusqu’à la destruction du site par les Romains en l’an 68 de notre ère. On est alors étonné par la grande fidélité des scribes lors de la recopie de ces textes jusqu’au Moyen Age."
Le Jésus des Evangiles ; un homme authentique ; la tête de l’humanité nouvelle
"Ses mots, ses gestes sont presque toujours inattendus et s’imposent comme les seules qui vaillent, répondant exactement à la situation et valables pour toujours.
La figure des Evangiles ne s’explique ni par un portrait composé par quelque génie ni par une légende accumulant autour d’un souvenir vénéré les rêves et les élans du christianisme naissant ; elle a la consistance et l’individualité d’un être vivant, d’un homme de notre race qui nous surprend toujours, et dont chaque trait nous est compréhensible et porte la marque de notre humanité. (page 16)
Il vient « chez les siens » et, s’il est chez lui parmi nous, ce n’est pas seulement parce que, ayant tout créé, tout lui appartient, mais c’est aussi parce que, homme authentique, il ne prend pas son humanité au dernier moment, comment un acteur revêt son déguisement à l’instant d’entrer en scène et de jouer son rôle, mais il naît réellement de notre race, héritier de la lente montée des générations, le long des millénaires de notre préhistoire, fruit de l’expansion soudaine de l’humanité à la fin de l’âge néolithique, à la rencontre des civilisations au carrefour de l’Orient, de l’Égypte et de la Grèce, fleur suprême de l’humanité juive, formé par l’Esprit de Dieu.« (page 21) »A la source de la sensibilité humaine de Jésus, du mouvement qui le projette comme d’instinct à la rencontre de tous ceux qui souffrent, et le lance à la recherche de tout ce qui se perd, pêcheurs et publicains, enfants prodigues et prostituées, il y a la passion jalouse du père pour son œuvre, son anxiété pour les périls qu’elle court, son émotion tremblante à retrouver après tant d’angoisses le fils méconnaissable mais vivant.« (page 24) »Né de notre humanité, fils du premier Adam, héritier de notre malheur et de notre péché, il est l’Adam, la tête de l’humanité nouvelle, qui est toujours la nôtre faite de la même chair, soumise à la même mort mais déjà victorieuse de la chair et de la mort.
Ressuscité, Jésus-Christ embrasse et rejoint l’humanité tout entière, non seulement comme un héritage ou sphère d’influence, mais comme son propre corps, animé de son propre esprit. À travers la patience des pauvres les efforts des pacifiques, les larmes de ceux qui pleurent, la charité des saints, à travers les lentes avancées et les régressions tragiques, à travers les conquêtes et les crises, Jésus-Christ construit l’humanité, il rassemble les générations, il fait l’homme, il est l’homme." (page 27)
Extraits de (“Jésus-Christ dans notre monde” Jacques Guillet (D. de Brower 1974)
Jésus est juif mais il se démarque du judaïsme
« L’article d’Armand Abécassis a le mérite de la clarté : Jésus était 100 % juif. Même si certains passages paraissent peu explicites, il me semble que la très grande majorité des chrétiens partagent cette vision. Nous abondons même très largement dans son sens lorsqu’il affirme que Jésus ne priait pas dans les synagogues et qu’il ne lisait ni les Évangiles, ni les Epîtres.
Si Armand Abécassis souligne ainsi ce qui rapproche juifs et chrétiens, peut-être pourrions nous esquisser un discernement de nos spécificités. Je voudrais en citer deux.
Jésus se présente comme « le maître du sabbat ».
Ce n’est pas un simple titre qu’il se donne, c’est un renversement profond dans l’esprit de la religion. Jésus puise au fond des Écritures ce qui est essentiel et le ramène au rang des priorités. Le commandement de l’amour du prochain devient ainsi l’égal du premier commandement qui est l’amour de Dieu. Certes, ce « tu aimeras ton prochain comme toi-même » se trouve bien dans les Écritures, mais on ne le trouve ni dans le Décalogue, ni dans le Deutéronome. II faut un œil bien vigilant pour aller le dénicher au chapitre 19 du Lévitique, juste après la longue série des chapitres sur les interdits et les règles concernant le pur et l’impur.
C’est un véritable aggiornamento qui révolutionne l’esprit de la loi. Le temple n’est plus le nécessaire passage pour l’adoration de Dieu, c’est l’esprit qui intervient et non la règle.
Mais l’enseignement le plus profond de Jésus concerne Dieu
qu’il nous fait découvrir, non comme quelqu’un que l’on doit craindre, mais comme un père qui nous aime et qui dans nous attend. Ce n’est plus le Dieu qui punit les fautes des enfants et des petits enfants jusqu’à la quatrième génération, ce n’est plus celui qui charge sur les épaules du paralysé ou de l’aveugle, toutes les fautes qu’ils ont commises, ce n’est plus celui qui massacre les ennemis pour les exterminer.
Jésus lui-même le proclame : « Vous avez appris que… et moi je vous dis… ». Jésus devient ainsi lui-même la parole et la seule voie par laquelle chaque homme et chaque femme, juif ou païen, esclave ou homme libre, riche ou pauvre peut trouver le chemin de Dieu : un Dieu qui pardonne et qui donne même aux hommes le pouvoir de pardonner les péchés.
Nous, chrétiens, nous croyons en Jésus-Christ,
- parce que jamais un homme n’avait parlé comme lui,
- jamais un homme ne nous avait annoncé ce qu’il nous a annoncé.
- Jamais un homme ne s’était penché pour dessiner sur le sable en attendant que quelqu’un jette la première pierre,
- jamais un homme ne nous avait dit qu’après avoir tout perdu, tout dilapidé, tout épuisé, on pouvait encore retourner vers un père qui nous attend,
- jamais un homme ne s’était levé de table pour aller laver les pieds de ses amis,
- jamais un homme ne nous avait dit qu’on pouvait gagner le paradis avec deux petites piécettes, et le perdre avec un milliard de dollars !
Nous, chrétiens, nous croyons
- que Jésus a confié à son Église la mission de proclamer son Évangile
- et d’appeler tous les hommes à la conversion du cœur car il est venu pour que le monde soit sauvé.
Voilà, me semble-t-il quelques éléments de notre foi. […] »
(Courrier des lecteurs, Journal La Croix, 30/6/2008)
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