Le temps de l’accompagnement individuel
Or, nous l’avons deviné en suivant l’histoire des catéchumènes : une expérience mystique doit faire l’objet d’un discernement pour être relue, recadrée et authentifiée.
Il faut d’abord donner à la personne des mots pour la dire lui proposer des références pour la situer, et enfin l’accompagner pour qu’elle mette en œuvre concrètement dans sa vie ce quelle a « vu » ou éprouvé.
Ce n’est pas simple et cela demande du temps. Les chemins mystiques sont bordés de précipices et l’on a besoin d’un guide sûr pour les parcourir.
C’est pour éviter des errances périlleuses que Martine D. s’en est remise avec tant de joie à l’expérience de l’Église.
Soyons clairs : l’expérience spirituelle n’est pas a priori chrétienne ; elle appartient au registre de l’expérience humaine. Elle doit donc être accueillie avec un immense respect et sans intention de récupération.
Mais cela ne devrait pas empêcher l’Église de mettre à la disposition de ceux qui s’adressent à elle son expérience multiséculaire.
J’ai entendu Bemard Raquin, thérapeute du Nouvel Âge, tempêter contre
« ces catholiques qui possèdent une tradition mystique illustrée par des Ignace de Loyola, Thérèse d’Avila ou Jean de la Croix, et qui laissaient leurs ouailles se faire récupérer par des gurus faute de pouvoir leur offrir d’être guidées ».
Le chanteur Laurent Voulzy confiait dans une interview qu’après avoir été passionné par les spiritualités hindoues et bouddhistes, il venait de découvrir avec fascination les mystiques chrétiens comme sainte Thérèse d’Àvila ou Maître Eckart. Il concluait :
« Si l’Église catholique était moins rigide et moins dogmatique, elle ferait un carton . »
Heureusement, l’Église catholique a toujours eu ses monastères et ils sont justement très fréquentés par ces mystiques sans Église qui y trouvent l’écoute et le recueillement qui leur conviennent. Depuis quelques années, l’Église s’équipe en lieux d’accueil et forme des personnes à l’accompagnement, notamment dans la mouvance des Exercices spirituels de saint Ignace, qui s’avèrent correspondre de façon extraordinaire aux soifs contemporaines et connaissent un développement considérable.
Les nouveaux convertis, page 276