Autrement dit, la Révélation de Dieu s’accomplit à l’intérieur de notre humanité. L’homme est appelé à devenir la demeure et comme le signe de Dieu. Le sacré chrétien se manifeste là, dans cette annonce inimaginable, et qui n’est pas un rêve ou une image, puisque le Verbe incarné est devenu aussi l’exclu, le maudit, le défiguré, l’homme de la Croix. Tout le contraire d’un Dieu Séparé. (…)

On peut sans doute tout « interpréter » et tout réduire du christianisme, tout, sauf la Croix, car la Croix est irréductible si elle est comprise comme un signe non pas de mort, mais de Dieu présent jusque dans nos enfers de destruction, de violence et de désespérance, pour les briser. Des agnostiques et des incroyants n’en finissent pas de buter sur cet événement et ce signe de la Croix. Jusqu’à pressentir parfois le caractère bouleversant de ce qu’il révèle.

Comme l’a écrit André Malraux dans un de ses derniers livres intitulé Lazare, après avoir évoqué l’horreur des chambres à gaz nazies et ses dialogues avec son aumônier du Vercors autour de la Passion selon saint Jean : « Le sacrifice seul peut regarder dans les yeux la torture et le Dieu du Christ ne serait pas Dieu sans la crucifixion. »

M^gr Claude Dagens : « Méditations sur l’Eglise catholique en France » p. 74