C. Martini, la question du célibat et de la pédophilie

Cardinal Martini, le rêve de Jérusalem

Question : Le célibat est souvent rendu responsable des écarts de certains prêtres, y compris des nombreux cas de pédophilie qui ont été révélés ces dernières années.

C’est mettre ici « dans le même sac » des thèmes qui ont certes un rapport avec la sexualité, mais qu’il faut néanmoins regarder séparément. Il est affreux que l’on abuse des enfants. Lorsque des prêtres sont impliqués dans de telles affaires, cela paraît particulièrement odieux : des hommes qui devraient instruire et protéger les enfants abusent d’eux. Ce sont des loups déguisés en agneaux ; ils sont malades. Ce fait est douloureux, mais l’Église devrait néanmoins apprendre à traiter ces cas de manière plus ouverte et plus honnête.

Le célibat m’apparaît une question d’une autre nature.
Cette forme de vie est extrêmement exigeante et suppose une pratique spirituelle profonde, une bonne intégration dans la communauté et de fortes personnalités, et surtout la vocation au célibat.
Il est possible que les hommes appelés à la prêtrise ne possèdent pas tous ce charisme. Dans le monde catholique, l’Église devra avoir une nouvelle vision à ce sujet.
Un curé se voit confier de nos jours de plus en plus de communautés ; par ailleurs, certains diocèses font venir des prêtres venant de cultures étrangères. Ce ne peut être une solution à long terme.
La possibilité de consacrer des viri probati - des hommes expérimentés et qui ont fait leurs preuves dans la foi et dans la relation avec autrui - doit en tout cas être discutée.

Ce qui me frappe, c’est de constater que de nombreux hommes - et surtout des jeunes - s’intéressent au thème du célibat,
bien que cela ne les concerne pas personnellement. Ce qui montre la force de ce témoignage, et combien est grande la déception lorsqu’il n’est pas vécu honnêtement. Ce qui est en jeu ici, c’est la crédibilité de l’annonce.
Les religieux font le serment de rester célibataires, indépendamment de la prêtrise ; ce n’est pas un célibat forcé. Cette forme persistera en tant que témoignage évangélique et est particulièrement précieuse dans un monde qui souffre d’une emprise excessive de la sexualité et cherche à construire une nouvelle culture.
La barrière du célibat m’incite à prier pour mes compagnons et à encourager les jeunes gens à prendre le risque.

Carlo Maria Martini, Le rêve de Jérusalem, DDB 2009, page 154

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