« Mais les relais déterminants ont été les réseaux d’écoles secondaires, les petits et grands séminaires, que visitaient les missionnaires qui en étaient souvent eux-mêmes issus.
Les Écoles apostoliques en étaient le couronnement. Vers elles étaient dirigés et formés les candidats à l’évangélisation Outre-Mer au premier rang, le célèbre collège des Frères de Ploërmel, fondé par le P. Deshayes, curé d’Auray et Jean-Marie de Lamennais, - d’où sortirent 2.200 missionnaires depuis 1827.
Sont aussi passés en revue l’ancienne abbaye Notre-Dame de Langonnet , achetée par les Spiritains, le petit scolasticat de Pontchâteau et la communauté des Missions Africaines de Saint-Paul de PontRousseau, aux portes de Nantes, les écoles de Sarzeau ( picpuciens ), de Redon (Eudistes), les Châtelets, près de Saint-Brieuc pour les Franciscaines Missionnaires de Marie…
Ce qui ressort, à travers ces institutions, c’est l’influence des personnes, souvent de simples prêtres, recteurs ou religieux, parfois eux-mêmes anciens missionnaires ou missionnaires manqués : ce sont des éveilleurs de vocations missionnaires parmi leurs élèves ou leurs ouailles : un Charles Langlois et sa soeur à Rennes, au début du siècle, le chanoine Gély, l’Abbé Robert, MM. Roger et Féret, sulpiciens à Nantes, l’Abbé Hamet à SaintBrieuc, le P. Lelièvre, parmi beaucoup d’autres…
Tout le chapitre 13 est consacré à l’étude des réseaux familiaux, des motivations qui ont poussé le clergé séculier à prendre une place centrale, autrefois tenue par les grands Ordres, dans l’encouragement et l’engagement à la mission lointaine.
Or, l’une des lignes de force de cette recherche renvoie, sur ce plan, à la permanence des modes d’évangélisation du premier XVIIe siècle. Elle est évidente pour les Montfortains, les Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul, les prêtres des Missions Etrangères, les Eudistes : ces derniers appliquent au Mexique, en Colombie, au Vénézuela, dans les Provinces maritimes du Canada leur stratégie de réforme du clergé, pour asseoir solidement la future Eglise locale.
Mais, à la base, c’est le fréquent groupement de quelques filles de la campagne autour d’un prêtre, dans des fonctions d’assistance et d’enseignement, ces Tertiaires dont M. Langlois a fait l’histoire qui reproduit, dans la Bretagne du premier XIXe siècle un mode inauguré, plus d’un siècle avant, par Poullart des Places, à l’origine des Filles du Saint-Esprit.
Etude des mouvements missionnaires
Une bonne moitié de l’ouvrage ( huit chapitres sur quinze, dont quatre sont consacrés aux congrégations féminines ) procède à l’étude analytique des mouvements missionnaires : elle passe en revue ces grandes congrégations ou familles spirituelles : par leur personnalité propre, mais aussi par les champs de mission qu’elles se sont choisis, elles ont été les pépinières d’élection des missionnaires, à côté des familles ou communautés naturelles.
Là, le lecteur est introduit à une connaissance d’une de ces multiples associations qui vont des grands ordres historiques aux instituts spécifiquement missionnaires ou aux congrégations de vie active, enseignantes ou hospitalières, devenues missionnaires, - en passant par les sociétés de prêtres séculiers qui se sont liés par un voeu supplémentaire de la mission : les Missions Etrangères de Paris et la Société des Missions Africaines de Lyon. Là encore, la personnalité bretonne apparaît, ne serait-ce que dans les congrégations locales comme les Filles de la Croix ou les Soeurs du Sacré-Cœur de Saint-Jacut.
La conjonction de toutes ces influences rend compte de la géographie du recrutement missionnaire, qui fait, à maintes reprises, l’objet d’une ventilation dans le temps, pour mesurer le rythme des départs, et d’une répartition par diocèses, poussée à l’échelon du doyenné, classique en sociologie religieuse.
(d’après l’œuvre de Joseph Michel, spiritain ; extrait de Mémoire Spiritaine N° 5 - 1er semestre 1997)