Allocution prononcée lors des funérailles de F. Daniel Chambonnière à Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier) (18 avril 2001)
« Frère Daniel » vient de nous quitter, terrassé en moins d’un an par une terrible maladie. On pourra dire sans exagération qu’il est mort à la tâche. Attelé qu’il était le plus souvent à un travail qui ne lui laissait aucun répit il a usé ses forces jusqu’au bout. Hélas il n’aura même pas pu bénéficier ne serait-ce qu’un peu de ces temps meilleurs qu’il entrevoyait puisque l’heure de la retraite allait sonner pour lui.
Qu’il nous soit permis de méditer quelques instants l’exemple qu’il nous donne.
Mystère d’une vie que la souffrance a certainement beaucoup marquée ces dernières années avant même cette maladie fatale. C’était il n’y a pas encore un an. L’année scolaire allait se terminer. De premiers symptômes commençaient à se faire jour. Sa tâche encore inachevée il ne pouvait s’offrir le luxe d’y prêter beaucoup d’attention et il n’a guère pris le temps de se soigner. Ce n’est que lorsqu’il fut revenu d’une dernière réunion organisée à St -Chamond, N.D. de l’Hermitage, peut-être la dernière qui figurait à son calendrier, en ce mois de juin 2000, que le mal a pris le dessus.
Tous ceux qui l’ont côtoyé savent qu’il ne pouvait pas faire les choses à moitié tout était prévu et minutieusement préparé. La manière dont il faisait son travail montrait à quel point il avait le sens du devoir à accomplir. Il ne se permettait aucune négligence et celles qu’il découvrait dans les autres lui faisaient mal.
Comment vivait-il tout cela ? A en juger par sa grande fidélité à tous ses devoirs religieux on est en droit de croire qu’il portait toutes ces tensions tous ces renoncements en union aux souffrances du Christ. Mais il ne fallait pas attendre de confidences sur ce sujet car il était d’une extrême pudeur et discrétion. Ceux qui ont longtemps vécu avec lui ces dernières années peuvent témoigner : on l’a entendu parler des difficultés ou des malheurs des autres mais jamais de ce qui le faisait souffrir lui-même.
Quand on vient de perdre un être cher on pense surtout aux dernier temps qu’on a passés avec lui. Pourtant ce n’est pas l’histoire de toute sa vie, loin de là. Il y eut des années plus heureuses que les dernières. Il fut un jeune frère étudiant très doué, déjà grand travailleur, aimant plaisanter, taquiner tout en se gardant bien de faire de la peine.
Comme professeur - étudiant, au juvénat de Varennes - sur - Allier de 1963 à 1967, ou comme professeur à Ste -Marie de Chagny de 1967 à 1971 on se souvient de lui comme d’un brillant professeur très apprécié de ses élèves. Et c’était un charmant confrère. C’est sans doute à Crozon, à partir de 1971, qu’il donna le meilleur de lui-même. Il assura la direction de l’établissement tout en étant professeur. Quand le temps fut venu de préparer la succession pour un directeur laïc il sut parfaitement assurer ce passage difficile. Son dévouement, son savoir-faire, lui ont acquis, dans ce coin de Bretagne, de solides amitiés qui lui furent certainement d’un grand réconfort. Il fit deux séjours dans cet établissement, séparés par un période de deux ans à St-Joseph du Mayet-de-Montagne
C’est au départ de Crozon, après le 2e séjour, qu’il résolut de se consacrer davantage à la catéchèse. Il bénéficia d’un recyclage religieux de 6 mois à Rome en 1984. Et pendant les deux années qu’il passa ensuite à Bourg-de-Péage dans la Drôme, tout en enseignant, il continua cette formation de catéchiste en suivant des cours à Lyon.
En 1986 il arriva à N.D. des Victoires de St-Pourçain avec la charge d’animateur en pastorale et de professeur à mi-temps. Quelques années plus tard il abandonna l’enseignement des matières profanes pour se donner totalement à ce qu’il considérait comme sa mission principale. A ses fonctions de responsable de catéchèse à N.D. des Victoires il ajouta celle de catéchiste à la paroisse de St-Germain-des-Fossés.
Pour faire la catéchèse à nos adolescents d’aujourd’hui, il faut une foi solide. Si l’on est à la recherche de consolations et de succès faciles il vaut mieux renoncer ! On s’en tenant à vues humaines on a le sentiment de travailler en pure perte. Et comment savoir si l’on fait bien, si l’on a vraiment fait tout ce qui peut être fait ? Les résultats de tous les efforts accomplis sont si peu visibles ?
Comment notre Frère Daniel avec l’âme si consciencieuse et si délicate qu’on lui connaissait a-t-il vécu tout cela ? Il a certainement beaucoup souffert, prenant énormément sur lui. Pourtant jamais on a senti chez lui le moindre découragement. Une telle fidélité à ses devoirs supposait une grande volonté, une abnégation de soi peu commune. On sentait qu’il en prenait beaucoup sur lui. On aurait voulu qu’il ait plus de temps de repos de détente mais il avait tant de choses à porter ! On lui a certainement trop demandé à lui qui cherchait en tout la perfection et qui ne savait pas dire non ! »
⇒Lire les témoignages de ceux qui ont bien connu fr Daniel Chambonnière