Massacres du XXe siècle : révolte contre Dieu

Les génocides, massacres et tortures perpétrés au cours du XXe siècle - le siècle le plus criminel de l’histoire - ont renforcé la révolte contre Dieu.

Les génocides, massacres et tortures perpétrés au cours du xxe siècle - le siècle le plus criminel de l’histoire - ont renforcé la révolte contre Dieu. Peut-on croire en sa bonté après Auschwitz ? Pourquoi son silence devant un génocide sans précédent ?

Ce n’est pas par hasard si ce sont des penseurs juifs - Hans Jonas, Elie Wiesel, André Glucksmann entre autres - qui ont le plus fortement dirigé le questionnement sur la stupéfiante passivité divine face au déchaînement monstrueux de la méchanceté humaine.
André Glucksmann enferme Dieu dans un cercle accusateur dont, pense-t-il, il ne peut sortir :
« Quand l’horreur surgit, si le Seigneur est toute-puissance, ou bien il n’est pas toute-sagesse, ou bien il n’est pas toute-bonté. Si le Seigneur est omniscient et s’il est charitable, il faut croire qu’il est impuissant. »

Selon l’auteur, la première mort de Dieu fut celle de Jésus sur la croix ; la seconde, celle que voulurent provoquer Marx, Nietzsche ou Michelet, mais en proposant des remplaçants sans consistance : le prolétariat, le surhomme ou l’humanité ; la troisième a commencé dans les tranchées de Verdun, s’est poursuivie par les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, du Cambodge et du Rwanda et, disait A. Glucksmann, s’achève sous nos yeux en Tchétchénie.

A cette liste, établie avant le 11 septembre 2001, on pourrait ajouter les attentats terroristes perpétrés ce jour-là. Il faut prendre en compte l’impact de ces monstruosités collectives sur les convictions religieuses.
On a récemment constaté un fait dont on ne s’était pas avisé jusque-là : en France, mais aussi vraisemblablement dans d’autres pays catholiques d’Europe, la guerre de 1914-1918 provoqua un effondrement des dévotions liées au purgatoire. La raison psychologique en est simple : l’Eglise enseignante pouvait-elle encore agiter l’épouvantail des souffrances du purgatoire après la mort devant des soldats qui vivaient l’enfer de la guerre et devant leurs familles qui tremblaient chaque jour pour eux ?

Jean Delumeau : Guetter l’aurore, p. 132

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