La religion au service de la société

Le catéchisme a doté des générations entières de citoyens d’un sens moral assez aiguisé. À l’époque, on recevait une éducation religieuse, même dans les familles où l’on ne croyait pas.

La religion au service de la société.

Les religions ont-elles par ailleurs une importance spécifique pour l’équilibre de notre société ? Je n’hésite pas à répondre deux fois oui. Oui, parce que la religion catholique a joué un rôle en matière d’instruction civique et morale pendant des années, lié à la catéchèse qui existait dans tous les villages de France. Le catéchisme a doté des générations entières de citoyens d’un sens moral assez aiguisé. À l’époque, on recevait une éducation religieuse, même dans les familles où l’on ne croyait pas. Cela permettait d’acquérir des valeurs qui comptaient pour l’équilibre de la société.

Incontestablement, I’Eglise catholique, quasi hégémonique jusque dans la première moitié du XX° siècle, a joué un rôle d’éducateur et même d’intégrateur dans la société française. Il en a d’ailleurs été de même dans les familles de religion ou de tradition juive ou protestante dont les valeurs individuelles et sociales sont en réalité communes avec celles de l’Église catholique et qui ont apporté, en plus, leurs spécificités à la construction de l’identité nationale : entre autres, un attachement profond à la République et une volonté exemplaire d’intégration pour les juifs, le souci aigu de la liberté de conscience chez les protestants. A contrario, maintenant que les lieux de culte officiels et publics sont si absents de nos banlieues, on mesure combien cet apport spirituel a pu être un facteur d’apaisement et quel vide il crée quand il disparaît.

Mais oui aussi parce qu’aujourd’hui l’islam, au même titre que les religions juive et chrétienne qui sont présentes depuis plus longtemps dans la société française, a un nouveau rôle à jouer.

Partout en France, et dans les banlieues plus encore qui concentrent toutes les désespérances, il est bien préférable que des jeunes puissent espérer spirituellement plutôt que d’avoir dans la tête, comme seule « religion », celle de la violence, de la drogue ou de l’argent.

Tout ce qui donne du sens à la vie, tout ce qui peut faire penser que la vie n’est pas un bien de consommation immédiate, tout ce qui aide à comprendre que, pour tout effort, il y a une reconnaissance, que le devoir accompli est facteur d’épanouissement, est enrichissant pour notre société. Je ne crois pas qu’une société a besoin d’être religieuse pour exister, mais je pense que les religieux, les femmes et les hommes spirituels, les hommes de foi sont un élément apaisant. Oserais-je dire un élément civilisateur ? D’ailleurs, qu’est-ce qu’un homme qui croit si ce n’est un homme qui espère ? Cette espérance est capable d’offrir, dans la dynamique collective d’une société, une perspective de mobilisation pour le bien commun et un sens aigu de la vie.

Je suis convaincu que l’esprit religieux et la pratique religieuse peuvent contribuer à apaiser et à réguler une société de liberté.

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